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Le patrimoine jovinien freine l’éolien

Article Yonne Républicaine du 3 avril 2013

mardi 23 avril 2013

Les permis de construire délivrés en 2009, pour implanter dix éoliennes dans le Migennois, demeurent annulés. La justice met de nouveau en évidence l’impact de ce projet sur le patrimoine.

Des vents contraires s’opposent une nouvelle fois au projet Volkswind. La cour administrative d’appel de Lyon vient de confirmer l’annulation des permis de construire dix éoliennes sur le territoire des communes de Charmoy, Epineau-les-Voves et Villemer, prononcée le 22 septembre 2011 par le tribunal administratif de Dijon.

Les juges des deux instances estiment que l’étude d’impact produite par la société « ne permet pas d’apprécier correctement l’insertion du projet dans le paysage, notamment au regard du secteur sauvegardé de Joigny et de l’église classée Saint-Cydroine ».

« Il n’existe pas de mesures compensatoires »

L’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon rappelle également que ce parc éolien serait visible « depuis certaines parties du secteur sauvegardé de Joigny » et depuis « les abords immédiats » de l’édifice religieux situé à Laroche-Saint-Cydroine.

Volkswind tombe sur un os selon l’association Sauvons le Paradis, qui milite contre ce projet depuis 2009. « Il n’existe pas de mesures compensatoires capables de préserver un tel patrimoine avec des éoliennes à proximité, argumente le président Philippe Hardion. Ce projet ne se réalisera pas. »

Techniquement, le feuilleton judiciaire n’est pas terminé. Le développeur éolien a deux mois pour utiliser une dernière voie de recours en se pourvoyant en cassation auprès du Conseil d’État. La société souffle volontairement le chaud et le froid afin de ne pas dévoiler ses intentions : « Le jugement de la cour administrative d’appel se base sur une lacune de l’étude d’impact, qui selon notre direction n’est pas justifiée et ne justifie pas l’annulation des permis de construire, indique le service communication dans un communiqué. Il ne faut pas oublier que le projet a été accordé par le préfet et qu’il a le plein soutien des élus locaux. Volkswind va continuer ce projet, mais nous ne nous prononçons pas sur les modalités de poursuite. »

Le maire de Villemer, qui avait organisé une réunion publique en 2010 dans sa commune, semble résigné : « C’est dommage, regrette Jean Conseil. Le nucléaire a ses limites. Le vent est une énergie gratuite. Pourquoi s’en priver ? J’ai assisté récemment à une réunion publique sur le secteur de Neuilly-Champlay-Guerchy, où un autre parc éolien est en projet. Il n’y avait pas que des opposants. Ici, on a des habitants qui se sont passionnés pour cela. »

Le projet de Néoen est compromis, selon l’association Sauvons le Paradis

L’implantation de onze éoliennes sur le territoire de ces communes joviniennes et aillantaises est fortement compromise par l’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon, selon l’association Sauvons le Paradis. « Le projet de Néoen est encore plus proche de Joigny, relate le président Philippe Hardion. Les pales dépasseront le sommet du mont Tholon. L’impact visuel serait bien trop important. On aurait une vue directe sur le parc éolien depuis les fenêtres du château des Gondi. Je ne vois pas le préfet accorder ce permis de construire. Et cela ne tiendra pas une seconde devant le tribunal administratif. »

« Pour nous, cela ne change rien, indique-t-on au sein de la société Néoen. Notre implantation est différente et notre étude d’impact prend en compte tous les aspects. » Le développeur s’en remet au préfet.

Rappel historique :

25 novembre 2009

Le préfet de l’Yonne accorde par arrêtés les permis de construire dix éoliennes sur les territoires des communes de Charmoy, Epineau-les-Voves et Villemer.

Début 2010

Plusieurs recours gracieux en annulation sont déposés auprès de la préfecture.

Juin 2010

Dépôt de 22 requêtes en annulation au tribunal administratif de Dijon.

Septembre 2011

Le tribunal administratif de Dijon annule les permis de construire accordés par le préfet.

Novembre 2011

La société Volkswind fait appel.

Février 2013

Audience à la cour administrative d’appel de Lyon.

5 mars 2013

La cour administrative d’appel de Lyon rend son arrêt et confirme l’annulation des permis de construire. L’entreprise a deux mois pour se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’État.

Estelle Dissay /Article Yonne Républicaine du 3 avril 2013

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